Se rendre au contenu

12.000 animaux marins suivis révèlent l’échec des aires marines protégées

Même si on protégeait 30 % des océans, ce ne serait pas suffisant.

Chaque année, le ballet des géants marins continue, presque en silence. Baleines, requins, tortues… Ils migrent, se nourrissent, se reproduisent, franchissent les frontières invisibles d’un monde liquide que l’on croit vaste et inépuisable.

Mais aujourd’hui, grâce à un projet mondial titanesque baptisé MegaMove, la carte est redessinée. Et le verdict tombe : nos efforts actuels pour les protéger sont loin du compte.

Un suivi digne d’un thriller d’espionnage… mais pour le vivant

Imagine : 12 000 individus, issus de plus de 100 espèces marines différentes, suivis par satellite, coordonnés par près de 400 scientifiques dans plus de 50 pays. Ce n’est pas le synopsis d’un nouveau James Bond réalisé par Yann Arthus Bertrand mais bien une étude scientifique publiée dans Science le 5 juin 2025.

Le but ? Comprendre où ces animaux passent leur temps et surtout où ils croisent les activités humaines destructrices : pêche industrielle, routes maritimes, pollution… 

Résultat ? La majorité des zones critiques pour leur survie n’est PAS protégée. (No shit ?!)

En direct de la COP des Océans : la vérité face au storytelling politique

Et cette vérité, elle est posée sur la table, là, maintenant, à Nice, où se tient jusqu’au 14 juin la 3e Conférence des Nations Unies sur les Océans (UNOC 2025). Objectif affiché ? Accélérer la protection des océans dans le cadre de l’agenda "30x30" (protéger 30 % des mers d’ici 2030).

Mais ce que montre l’étude MegaMove, c’est que même avec 30 % d’océans protégés, 60 % des habitats vitaux des espèces marines resteraient exposés.

Autrement dit : les promesses ne valent rien sans réelle stratégie.

C’est ce que Claire Nouvian, fondatrice de l’ONG Bloom, est venue marteler devant Emmanuel Macron — dénonçant un double discours entre écoblabla et compromissions avec les lobbies de la pêche industrielle. Et elle n’est pas seule. Plusieurs ONG ont décidé de faire entendre la voix des océans, avec cartes à l’appui.

Nous en parlions avec Claire Nouvian ci-dessous :


Des sanctuaires mal placés

Aujourd’hui, les aires marines protégées ressemblent souvent à des jolies taches bleues sur des cartes, choisies plus pour leur accessibilité que pour leur importance écologique. Résultat ?

  • Les grandes routes migratoires ne sont pas couvertes,
  • Les zones de nourrissage sont surexploitées,
  • Les espèces continuent de décliner sous nos yeux.

Et ce ne sont pas des généralités. Des données satellites, du concret, du mesuré. On sait agir. Il ne reste qu’à décider de le faire.

Pas plus, mais mieux

L’équipe de MegaMove appelle donc à une nouvelle approche :

  • Modifier les pratiques de pêche (zones, saisons, méthodes),
  • Repenser les itinéraires maritimes (pour éviter les collisions avec les cétacés),
  • Réduire la pollution ciblée (plutôt que des déclarations générales),
  • Et surtout, adapter la protection aux comportements réels des animaux.

Car pendant qu’on célèbre des engagements, les baleines continuent de se prendre des hélices, les requins disparaissent, et les tortues s’enlisent dans les plastiques.

Science, data et engagement : la vraie révolution

MegaMove, c’est aussi un tournant dans la science marine.

Les biologistes de demain ne seront pas que sur des bateaux à harpon ventousé. Ils devront analyser de la data, créer des algorithmes, concevoir des stratégies globales.

Et face aux menaces géantes qui s’annoncent, le temps du symbole est terminé. Place à l’action. (je dis ça souvent...)

@+

Sources : Global tracking of marine megafauna space use reveals how to achieve conservation targetsScience, 2025; 388 (6751): 1086 DOI: 10.1126/science.adl0239

Vinz


12.000 animaux marins suivis révèlent l’échec des aires marines protégées
Vinz 17 juin 2025
Partager cet article
Tags
Archive
Se connecter pour laisser un commentaire.