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Ce que même les astéroïdes n’ont pas réussi à faire…

Une étude révèle que les écosystèmes ont survécu à deux grands bouleversements. 60 millions d’années de stabilité… jusqu’à maintenant.

Pendant 60 millions d’années, la planète a encaissé : Des cataclysmes, des changements de climat, des extinctions massives. Et pourtant, les écosystèmes ont tenu bon. Ils ont perdu des espèces, oui. Mais comme un orchestre qui change de musiciens sans jamais interrompre la musique, la nature a su garder le rythme.

Jusqu’à aujourd’hui.

Car cette fois, ce n’est ni un astéroïde, ni un refroidissement global, ni le déplacement d’un continent qui menace la stabilité du vivant. C’est nous. Notre vitesse. Notre boulimie. Notre obsession du “toujours plus”. Une étude parue dans Nature Communications le 4 juin 2025 tire une alarme froide : les écosystèmes pourraient atteindre leur troisième point de rupture… et cette fois, ils pourraient ne pas s’en remettre.

Le vivant a de la ressource. 
Mais il a ses limites. (tiens comme notre nom)

Durant les derniers 60 millions d’années, la planète a connu deux bouleversements majeurs qui ont chamboulé les grandes familles d’herbivores donc on parle des mastodontes, cerfs géants, éléphants, rhinocéros. Le premier, il y a 21 millions d’années, quand un pont terrestre entre l’Afrique et l’Eurasie a provoqué une migration massive d’espèces. Le second, il y a 10 millions d’années, avec un refroidissement qui a transformé les forêts en prairies et fait disparaître de nombreux brouteurs forestiers.

Et pourtant... même en perdant des espèces, la structure des écosystèmes est restée étonnament stable. Les rôles écologiques ont été réassignés, mère nature est décidement une excellente manageuse. Moins de diversité, mais toujours un équilibre.

Mais là, en 2025, les scientifiques ne sont plus sereins. (Bah oui fallait bien que je vous ramène à la réalité)

Un troisième point de bascule : il est humain

C’est un peu comme si la Terre avait encaissé deux uppercuts. Mais avait tenu debout.

Aujourd’hui, c’est une rafale de coups qu’elle encaisse. Comme Luffy dans One Piece et son "Gomu Gomu no Gatling". Une pression constante, diffuse et quotidienne. Des extinctions en série. Une artificialisation des sols à toute vitesse, des pesticides et des habitats qui disparaissent au rythme des bulldozers. Et surtout, un rythme de transformation jamais vu dans toute l’histoire du vivant. (et ça je ne vous l'apprend sans doute pas)

Les chercheurs l’expliquent : ce n’est pas seulement la disparition d’espèces qui pose problème. C’est la perte des rôles écologiques qu’elles remplissent. Polliniser, brouter, fertiliser, creuser, disperser les graines… Une espèce qui disparaît, ce n’est pas juste un nom compliqué en latin qui fini par "ae" ou "us" qui s’éteint. C’est un rouage de la grande horloge du vivant qui saute.

Et à force de perdre des pièces, la machine risque de ne plus tourner.

Jusqu’ici, la nature recyclait ses propres pertes

L’étude analyse plus de 3 000 fossiles de grands herbivores, sur 60 millions d’années. Et ce qui frappe, c’est que malgré les extinctions, les écosystèmes gardaient leur structure. Comme une équipe de foot qui change ses joueurs mais garde son schéma de jeu.

Ce n’est donc pas tant le qui qui compte, mais le quoi. Ce qu’une espèce fait dans l’écosystème. Le rôle qu’elle occupe.

Mais aujourd’hui, la vitesse et l’ampleur des pertes sont telles que la nature n’a plus le temps de redistribuer les rôles. Il n’y a plus assez de candidats sur le banc de touche. Et même ceux qui restent sont fragilisés, poussés à l’exil, parfois stérilisés par les perturbations humaines.

Quand la Terre s’est asséchée : la bascule silencieuse d’il y a 10 millions d’années

Il y a environ 10 millions d’années, la Terre a connu un refroidissement climatique global. Rien de brutal. Pas d’astéroïde ou de supervolcan. Juste un changement progressif : l’air devient plus sec, les forêts reculent, les prairies gagnent du terrain.

Face à ce nouveau paysage, de nombreux grands herbivores forestiers disparaissent. Ceux qui survivent sont des brouteurs adaptés aux herbes dures, avec des dents renforcées, capables de mâcher du foin là où hier on cueillait des feuilles tendres.

La nature, fidèle à elle-même, s’ajuste, lentement face à un phénomène lent et comme précisé plus haut redistribue les rôles, trouve des remplaçants. Mais cette fois, la diversité fonctionnelle diminue. Moins de régimes alimentaires, moins de comportements différents, moins de niches écologiques.

Et ce qui avait commencé il y a 10 millions d’années n’a jamais cessé de s’aggraver.

Car aujourd’hui, ce n’est plus le climat naturel qui érode la vie, c’est nous.

Pollution, fragmentation des habitats, industrialisation de la terre, chasse, élevage intensif, bétonisation, réchauffement express, pesticides bref, tout cela a déjà été dit ;-)…

À regarder : la Figure ci-dessus montre comment, après avoir résisté à deux perturbations majeures, la diversité fonctionnelle des herbivores a nettement décliné il y a 10 milllions d'années. C’est l’un des rares graphiques où l’histoire à long terme se résume en une courbe explicite – le jour où le système a commencé à perdre de son éclat.

“Il y a une limite”

C’est la phrase de Juan L. Cantalapiedra, chercheur au MNCN (Muséum National des Sciences Naturelles en Espagne) et co-auteur de l’étude. Elle dit tout :

“Nos résultats montrent que les écosystèmes ont une capacité d'adaptation extraordinaire. Mais le rythme du changement est bien plus rapide cette fois-ci. Il y a une limite.”

Et cette limite, on la frôle à chaque incendie, à chaque béton coulé sur une zone humide, à chaque hectare de forêt rasé pour cultiver du soja ou poser un entrepôt logistique ou chaque pulvérisation d'une nouvelle molécule de pesticide.

Ce n’est plus seulement une histoire d’espèces. C’est une histoire de fonctions écologiques en voie d’effacement. D’équilibres ancestraux qui basculent sous nos pieds. D’un système qui tient depuis 60 millions d’années, mais qui craque aujourd’hui à cause de 200 ans de “progrès”.

Fernando Blanco, Ignacio A. Lazagabaster, Óscar Sanisidro, Faysal Bibi, Nicola S. Heckeberg, María Ríos, Bastien Mennecart, María Teresa Alberdi, Jose Luis Prado, Juha Saarinen, Daniele Silvestro, Johannes Müller, Joaquín Calatayud, Juan L. Cantalapiedra. Two major ecological shifts shaped 60 million years of ungulate faunal evolutionNature Communications, 2025; 16 (1) DOI: 10.1038/s41467-025-59974-x

Vinz


Ce que même les astéroïdes n’ont pas réussi à faire…
Vinz 20 juin 2025
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