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Limiter à +1,5 °C ? C'est foutu ! Et on est encore en retard pour les +2°C

Les climatologues ne sont pas du tout trompé, ils étaient même trop optimistes.

La température globale de la planète a dépassé le seuil symbolique de +1,5 °C — selon certaines estimations, de façon durable dès 2024. Et ce malgré des décennies d'alertes, de promesses politiques et de sommets mondiaux.

Dans une entrevue bouleversante, le climatologue Christophe Cassou, co-auteur du 6ᵉ rapport du GIEC, tire la sonnette d’alarme 🌍 :

« 2024 sera un marqueur dans l’histoire du réchauffement climatique. »

Ce n’est pas de la science réductrice ni du catastrophisme grand public : c’est de la clarté scientifique, teintée d’une humanité profonde. Cassou souligne combien cette année est un « avant/après » climatique et combien nos sociétés sont mal préparées aux conséquences en chaîne : extrêmes, effondrement des puits de carbone, érosion des récits collectifs pour tenir, bref ça sent mauvais...

Interview avec Christophe Cassou

Vinz : Christophe, on est début 2025 (tournage en janvier) et pour la première fois on a dépassé les +1,5 °C. Est-ce qu’on peut encore parler de “seuil symbolique” ?

Christophe Cassou : Non, ce n’est plus symbolique. C’est physique. 2024 restera comme un marqueur dans l’histoire du réchauffement climatique. Il y aura un avant et un après. Et ce qui est encore plus inquiétant, c’est que les événements extrêmes qu’on vit aujourd’hui sont déjà plus intenses que ce que nos modèles prévoyaient pour ce niveau de réchauffement.

Vinz : Est-ce que ça veut dire que les modèles sont faux ?

Cassou : Les modèles ne sont pas faux. Mais ils sont incomplets. Ils ne captent pas tout, notamment l’effet de certaines rétroactions ou de l’affaiblissement des puits de carbone. Et surtout, ils ne modélisent pas la société. Ils ne prévoient pas nos décisions, nos retards, notre inaction collective.

Vinz : Il y a un passage dans la vidéo où tu dis : “L’été 2022 sera un été froid en 2050.” C’est glaçant.

Cassou : C’est une image qui percute. Ce que ça veut dire, c’est que ce que nous vivons aujourd’hui comme des anomalies deviendra la norme. Et ce qui sera considéré comme une canicule en 2050 fera passer l’été 2022 pour un été modéré. Ce n’est pas un scénario. C’est la trajectoire sur laquelle nous sommes engagés si rien ne change structurellement.

Vinz : Et donc on fait quoi maintenant, quand on entend partout que “c’est trop tard” ?

Cassou : D’abord, on arrête de nier. Ensuite, on comprend que le combat climatique ne s’arrête pas à 1,5 °C. Il y a une différence immense entre +1,6 °C et +2,5 °C. Chaque dixième de degré compte. Il faut coupler adaptation et réduction massive des émissions. Et surtout, travailler sur les récits collectifs : on ne gagnera rien si les gens sont figés par la peur ou convaincus que c’est foutu.

Les faits qui frappent

  • Les puits naturels — forêts, sols, océans — ne compensent plus suffisamment : leur capacité est en forte régression.
  • Les modèles du GIEC, parfois jugés alarmistes, sont en réalité trop optimistes face à la réalité inédite des extrêmes climatiques.
  • Les seuils +1,5 °C ne sont pas des murs : ce sont des points de bascule, après lesquels les conséquences deviennent difficiles, voire impossibles à maîtriser.

Pour Cassou, ces constats ne visent pas à semer la panique, mais à réveiller les consciences : face à l’ampleur du défi, continuer comme avant ne suffira pas.

Un constat confirmé : nouvelle étude

À peine quelques jours avant la publication de notre vidéo avec Christophe Cassou, une étude internationale de Copernicus fait la une :

  • Menée par 61 chercheurs (dont des climatologues du CNRS, Météo‑France…), elle conclut sans ambages : limiter le réchauffement à +1,5 °C n’est plus possible.

  • En cause : un budget carbone résiduel dérisoire — 130 Gt CO₂, soit à peine trois années d’émissions actuelles.

  • À ce rythme, la barre des +1,5 °C sera dépassée d’ici 2028, voire plus tôt.

  • Et selon The Guardian, même limiter à +2 °C paraît aujourd’hui un challenge monumental 

Et maintenant ? Entre lucidité et action

Christophe Cassou le répète : la question n’est plus “pourrons-nous rester sous 1,5 °C” — c’est combien de dégâts sommes-nous prêts à assumer et à quel prix ?

Il propose :

  • Une rupture politique : sortir du court-termisme électoral, aligner les structures de l’État avec l’urgence climatique.
  • Un réarmement pédagogique : reconstruire des récits porteurs de sens et de résilience collective.
  • Une approche systémique : coupler adaptation (plans locaux, infrastructures robustes) et mitigation (arrêt rapide des énergies fossiles).
  • Une revivification des solidarités locales, structurantes face à la sidération climatique.

Pourquoi cette vidéo est incontournable

Christophe Cassou, par son humanité, offre une boussole éthique et intellectuelle dans un monde en dérive :

  • Il n’est ni prophète de malheur ni guru autoproclamé : il est scientifique, pédagogue, et plein de cœur.
  • Il raconte une clarté froide mais mobilisatrice, capable d’éviter l’effondrement de nos imaginaires avant celui des écosystèmes.

➡ Cette vidéo est plus qu’une interview : c’est un rendez-vous avec l’époque, une incitation à dire la vérité sur ce qu’on vit — et à agir, coûte que coûte.


À retenir

  • +1,5 °C : benvenu·es dans le monde post‑seuil (un terme étrange, normal il vient de "pop" dans mon cerveau)
  • Le budget carbone s’épuise : trois ans encore, calculent les scientifiques.
  • Cassou : « 2024 restera un marqueur historique ».
  • Il est temps de changer de braquet de vélo : penser adaptation, régénération, solidarité, récit, choix politique.

@+

Vinz

Limiter à +1,5 °C ? C'est foutu ! Et on est encore en retard pour les +2°C
Vinz 22 juin 2025
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