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Une matière vivante qui remplace le béton

Une invention suisse transforme le mobilier, les structures et bâtiments en puits de carbone.

Des chercheurs suisses inventent un matériau vivant qui capte du CO₂ dans l’air (pour de vrai)

Au moment où j'écris ces lignes, je me dis que la science ne cessera de m'étonner. 
Imaginez une maison qui pousse. Une façade qui respire. Une matière vivante, entre le végétal et le minéral (kezako ? je vais y venir...), qui ne se contente pas d’exister : elle agit. Une équipe de chercheurs de l’ETH Zurich vient de publier dans Nature Communications une invention qui ressemble à un croisement entre un mur, une algue et un tournesol.

Tiré par les cheveux vous me dites ? (je me le suis dis aussi) pourtant, ça marche.

Le matériau qui mange du CO₂ (et le digère bien)

On parle ici d’un gel imprimable en 3D, peuplé de cyanobactéries. 
Ces microbes ancestraux, déjà là bien avant les dinosaures qui sont des experts en photosynthèse. Grâce à la lumière, ils transforment le CO₂ de l’air en biomasse (leur propre corps) et en minéraux, notamment des carbonates (comme la craie ou le calcaire), qui enferment le carbone de façon stable.

Le résultat donne une double capture : d’un côté, du vivant, de l’autre, du solide. 
Au final : le matériau stocke jusqu’à 26 mg de CO₂ par gramme. C’est presque 4 fois plus que le béton recyclé, et bien plus que la majorité des bio-matériaux connus.

Mais comment ça fonctionne ?

Et bien quand on imprime ce gel, il est mou. Mais avec le temps, les bactéries “minéralisent” leur environnement, ce qui rend la structure plus rigide. 
En gros, elles construisent leur propre exosquelette. Pas besoin de four, de ciment, ni d’émissions. Un bâtiment qui se renforce avec la vie plutôt qu’avec des énergies fossiles.

Et surtout, le tout tient dans un hydrogel "intelligent" : il laisse passer la lumière, l’eau, le CO₂ et les nutriments. Une vraie serre miniature, optimisée pour que les cyanobactéries vivent plus d’un an. En laboratoire, elles ont bossé sans relâche pendant 400 jours et voilà le résultat (et pas de pensées déplacées sur l'évolution de la structure svp)

Le projet a quitté le labo pour rencontrer… l’art. À la Biennale de Venise, deux troncs géants imprimés avec ce matériau ont été installés dans le pavillon canadien : ils absorbent jusqu’à 18 kg de CO₂ par an, soit l’équivalent d’un bon vieux pin de 20 ans.

OTTAWA, ON, le 8 mai 2025 /CNW/ - Le Conseil des arts du Canada est heureux de présenter Picoplanktonics au pavillon du Canada dans le cadre de la 19e Exposition Internationale d'Architecture - La Biennale di Venezia, du 10 mai au 23 novembre 2025.

Et maintenant ?

On n’en est pas encore à construire des immeubles entiers avec ça. C’est un matériau fragile, lent à produire, et dépendant d’un environnement contrôlé. Mais les perspectives sont immenses : revêtements de façades, mobiliers urbains, micro-architectures, objets hybrides…

À une époque où le secteur du bâtiment est responsable de près de 40 % des émissions mondiales de CO₂, chaque gramme capté compte. Surtout quand la solution ne vient pas d’une technologie high-tech ultra-énergivore, mais du vivant lui-même.

Et si on arrêtait de construire contre la nature, pour commencer à construire avec elle ? Voilà une idée qui séduira sans aucun doute Pierre Gilbert auteur du livre "Les voies nouvelles du géomimétisme" chez Odile Jacob

Vous avez compris, pas besoin de béton magique. Il suffit de redonner voix à ceux qui savent déjà capturer le carbone depuis 3,5 milliards d’années.

Des bactéries. De la lumière. Et un peu d’eau de mer.

Vinz

Une matière vivante qui remplace le béton
Vinz 24 juin 2025
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